Au programme

  • Georg Friedrich HÄNDEL (1685 – 1759) : Messie, Ouverture
  • Tomas Luis de VICTORIA (vers 1548 – 1611) : Motet O magnum mysterium
  • Giuseppe TORELLI (1658 – 1709) : Concerto pour la nuit de Noël
  • Johann Sebastian BACH (1685 – 1750) : Choral Wir Christenleut’ de l’Oratorio de Noël
  • Antonio VIVALDI (1678 – 1741) : Concerto pour violon L’Hiver des Quatre Saisons
  • Franz SCHUBERT (1797 – 1828) : Ave Maria
  • Béla BARTOK (1881 – 1945) : Chants de Noël roumains 

Ensemble Magnetis

7 musiciens : 3 violons, alto, violoncelle, contrebasse, clavecin ou luth (possibilité 6 musiciens si problème de place).

Concert commenté par Sébastien Bouveyron (violon et direction).

La fête de Noël est vécue et célébrée de manière extrêmement différente par les musiciens. Elle est l’occasion d’allier la recherche musicale pure avec l’expression de sentiments et de pensées aussi divers que profonds, allant de la joie la plus démonstrative au recueillement le plus intime.

A l’époque baroque, les ouvertures d’opéra ou d’oratorio n’avaient pas de liens thématiques avec le reste de la composition (des mélodies par exemple que l’on retrouverait plus tard, comme cela sera le cas à partir du classicisme) ; elles avaient essentiellement pour but de nous préparer à recevoir le contenu émotionnel de l’œuvre. La grandiose ouverture du Messie de Händel, à la fois sombre et pleine d’espoir, nous met dans un état d’affectivité intense, nécessaire pour que cet oratorio qui retrace les principales étapes de l’avènement du Christ (de la prophétie d’Isaïe au règne final de Dieu dans un amen ascensionnel tout en lumière, en passant par les déchirantes épreuves de la Passion) nous touche au plus profond de nous-mêmes.

Victoria, lui, s’intéresse ici au mystère que représente la naissance de Jésus et nous invite à travers sa musique à la méditation et au recueillement. Le court Alleluia qui conclut ce motet est empreint d’une joie et d’un respect fervents.

Dans son Concerto pour la nuit de Noël, Torelli peint une scène pastorale et attendrissante, toute en contrastes et en clair-obscur, qui exploite brillamment les capacités expressives du violon. Sans se départir d’une certaine grandeur, notamment dans l’introduction, cette œuvre souligne l’humanité et la simplicité du Christ.

Le choral de Bach est une vision encore différente de cet événement : le croyant doit se réjouir car un enfant est né pour nous sauver, mais l’harmonisation assez sombre du choral déclenche chez l’auditeur un composé de sensations très complexes. Il s’agit d’une joie très particulière, ni gaie ni exubérante, mais intérieurement intense.

Avec L’Hiver de Vivaldi, on atteint un sommet de la musique descriptive à l’époque baroque. L’évocation des plaisirs de cette saison sont comme à chaque fois chez le maître vénitien une occasion de pousser toujours plus loin sa recherche instrumentale et d’exprimer son amour du violon à travers une virtuosité et une expressivité jubilatoires.

Schubert a composé son Ave Maria deux ans avant sa mort. Cette pièce célèbre dans le monde entier a connu de nombreuses transcriptions, et son atmosphère de religiosité apaisée (qui n’exclut toutefois pas des élans de douleur et de résignation) peut en effet tout à fait se transmettre sans le secours des paroles.

Bartók nous fait découvrir avec ses Chants de Noël roumains une célébration extrêmement joyeuse et rustique de cette fête, qui conclut ce programme dans une allégresse communicative.