Programme musical pour sept musiciens (3 violons, alto, violoncelle, contrebasse, luth ou clavecin)

  • LULLY : Les plaisirs de l’île enchantée : Ouverture, deuxième entrée (Les Maures), troisième entrée (Six chevaliers et six monstres), et dernière entrée du Ballet du palais d’Alcine
  • PALESTRINA : Cantique des cantiques : Nigra sum
  • RAMEAU : Les Indes galantes, Ouverture et Danse du grand calumet de Paix exécutée par les Sauvages
  • — Chant de marin  —
  • BRAHMS : Danse hongroise n°5
  • BARTOK : Duos de violon : Chant arabe, Danse transylvaine
  • — Chant de marin —
  • ACHRON : Mélodie hébraïque

L’histoire de la musique est autant faite de découvertes et de recherches personnelles que de réagencements d’éléments issus de la tradition culturelle dans laquelle baignent les artistes, et d’influences extérieures, de métissage au sens large du terme.

L’exotisme (ou le folklore), par opposition à la culture musicale savante occidentale, a toujours intéressé les compositeurs. Du 16ème siècle à la fin de l’époque baroque il reste un « rêve d’ailleurs » assez vague, et surtout l’occasion d’écrire une musique très libre, allant de l’évocation d’un certain idéal (dans le Cantique des cantiques de Palestrina par exemple, notamment dans le Nigra sum) à la caricature (dans les turqueries…), et permettant toutes sortes d’effets (comme dans Les plaisirs de l’île enchantée de Lully et Molière), sans aucun lien avec les musiques des contrées évoquées. Les marins sont depuis toujours les témoins et les passeurs de ces rêves de liberté, et il me semble intéressant dans cet esprit de métissage, de ponctuer notre programme de musique classique par des chants de marins. Des éléments folkloriques vont être introduits au début du XVIIIème siècle dans la musique classique, notamment par les compositeurs autrichiens, mais cet intérêt pour le folklore (qui est encore en grande partie une vision très personnelle et très peu authentique des compositeurs) va prendre son essor avec le romantisme, et le désir de reconnaissance des particularismes des peuples intégrés dans les grands ensembles politiques de l’époque (Empire austro-hongrois, etc.).

Un métissage au sens propre du terme aura lieu avec Bartók, à la fois compositeur génial et ethnomusicologue, qui mettra sa technique de composition occidentale traditionnelle au service du véritable esprit de la musique populaire paysanne de tous ces peuples (et même d’Afrique du Nord), notamment dans ses Duos de violons. Avec des perspectives bien différentes et un style aux accents encore très romantiques, la Mélodie hébraïque du compositeur lituanien Joseph Achron représente elle aussi un réel métissage : celui de la culture occidentale avec la musique traditionnelle juive.